mercredi 29 septembre 2010

Teleperformance : "Chaque semaine, la tension monte"

Les salariés du centre d'appel Teleperformance, route de Lorient, à Rennes, ont débrayé ce mardi matin. En juillet, la direction nationale de l'entreprise a annoncé la fermeture du site pour des raisons économiques. Pierrick Petit, délégué CGT, conteste le fond et la forme.
Le Mensuel : La direction de Teleperformance a annoncé en juillet un plan social national prévoyant 194 licenciements à Rennes. Les choses ont-elles évolué depuis ?
Pierrick Petit : Oui. Il y a eu des « coquilles » dans leurs chiffres, qui ont été réévalués. Au final, 163 personnes sont concernées à Rennes. Aucun emploi ne sera conservé. On n’a pas d’autre message que celui-ci. Le site serait vétuste et coûterait trop cher à remettre en état.
Malgré cela, croyez-vous encore à un possible maintien de l’entreprise à Rennes ?
Un cabinet externe, Atex, a été missionné pour évaluer la validité du projet. Mais beaucoup de questions restent sans réponse. Un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire doit avoir lieu le 5 octobre. Le troisième CCE « ordinaire » est prévu fin octobre. Nous restons dans l’attente des réponses à ces questions. Quelles sont les vraies motivations de cette fermeture ? On attend de voir. Notre message : si la direction veut vraiment nous faire partir, qu’elle le fasse dignement, pas au minimum légal.
Pour justifier les suppressions de postes, la direction invoque un contexte économique perturbé. Pourquoi ces arguments ne sont-ils pas valables, selon vous ?
Teleperformance perdrait actuellement des contrats, mais on ne connaît pas la nature des efforts entrepris pour les garder… Le centre de Rennes a souvent été pilote pour lancer des activités qui, ensuite, ont été délocalisées « offshore ». Cela est nécessaire pour que les sites français vivent. On le sait très bien. Mais on se demande dans quelle mesure cela est indispensable. Teleperformance appartient à un groupe mondial bénéficiaire chaque année. Ils disent que les sites français leurs font perdre de l’argent…
Récemment, le PDG et les responsables des ressources humaines ont changé. Ils suppriment toute la "mémoire" de l’entreprise. Le nouveau président, Jean-Hervé Jenn, a clairement annoncé au gouvernement que s’il ne le laissait pas appliquer son plan social, il supprimerait tous les emplois en France. Il est en position de force, mais la volonté des salariés constitue un contre-pouvoir. On est là pour leur dire les choses !
Que demandez-vous ?
Sur le site concerné, à Rennes, les salariés ont entre deux et neuf ans d’ancienneté. Or, il y a beaucoup de plans sociaux en cours dans le bassin d’emploi de Rennes… Et l’on émet des doutes sur le cabinet de reclassement choisi par la direction. En termes financiers, il n’y a pas encore eu de discussions avec les salariés eux-mêmes. Des primes de licenciements sont prévues, ainsi que quelques primes supplémentaires. Mais on demande à la direction de laisser une chance de reclassement aux salariés en repoussant la fermeture éventuelle d’un an, ainsi que des preuves d’une vraie volonté de reclassement.
Quelle est l’ambiance, actuellement, au sein de l’entreprise ?
Elle est un peu bizarre. Les gens se disent « On continue à travailler, mais pourquoi continuer à faire gagner de l’argent à l’entreprise ? » Chaque semaine, la tension monte. Depuis fin juillet et le refus unanime de nos propositions après discussion avec la direction, il n’y a eu aucune volonté de rappeler les syndicats à la table des négociations. Deux mois sans information, ça fait beaucoup et ça n’aide pas à faire baisser les tensions. La fermeture est prévue fin février, mais on sait très bien qu’avec tous les recours possibles, elle n’aura pas lieu à ce moment-là.
Des actions sont prévues jusqu’à fin octobre. Peut-on imaginer une radicalisation du mouvement ?
Je dirais oui, malheureusement. Après demain, jeudi, la visite d’un dirigeant est prévue sur le site de Rennes. Il doit rencontrer les élus syndicaux, mais pas les salariés... Si c’est le cas, que pourrait-il arriver ? Bonne question. Si quelqu’un descend sur Rennes, les salariés seront là pour le rencontrer...
Etes-vous soutenus par les politiques locaux ?
Oui. Nous avons rencontré la semaine dernière un assistant de Daniel Delaveau (maire de Rennes et président de Rennes Métropole, NDLR). C’était une première approche. La ville de Rennes a des solutions à nous offrir, notamment en cas d’abandon du projet de fermeture.

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